Compte-rendu de la 11ème RdB

La 11ème RdB s’est tenue mardi soir, évidemment suivie du dîner LHC. Le Professeur Pascal Salin y est notamment intervenu, sur le thème de son dernier ouvrage: Revenir au capitalisme pour éviter les crises.

1. C’est d’abord Lexington qui a présenté le site contrepoints.org,  nouveau projet de l’association liberaux.org. Créé à l’origine en 2007, il est désormais orienté vers l’actualité depuis janvier dernier. Il s’agit de toucher à l’actualité en s’adressant à un public plus large, par une couverture la plus vaste possible de l’actualité. Ainsi, 5 à 10 articles sont publiés quotidiennement, issus de différents sites. Des accords avec de nombreux sites et bloggers ont été pris (Aurélien Véron, H16, Vincent Bénard, etc.). Naturellement, les billets ne sont pas nécessairement publiés en exclusivité.  

Contrepoints est repris par Google News, ce qui est évidemment excellent pour augmenter le nombre de lecteurs. Le page rank est de 4. Aussi, des articles sont régulièrement postés sur AgoraVox ou Le Post. Le site compte 2000 visites par jour et est en progression constante, ce qui permet d’être optimiste pour l’avenir. Contrepoints est indépendant financièrement. Son budget entre dans l’enveloppe finançant l’ensemble des sites et projets de l’association Liberaux.org (environ de 2000€/an). A noter que Lexington est ouvert à toute proposition de contribution et recherche un bénévole maîtrisant SPIP pour une refonte de la maquette du site.

2. Serge Federbusch (ENA, conseiller municipal du X° ardt., site Delanopolisà) a fait un bilan de la campagne pour les régionales de la liste Plan d’urgence pour l’île de France (réunissant le Parti Libéral Démocrate, le mouvement pour une gauche moderne et les centristes). Selon lui, l’abstentionisme est aujourd’hui un danger, véhiculant le sentiment que la démocratie s’enlise dans “les sables mouvants du corporatisme”. Elle est une réaction au Sarkozysme, et est un mouvement politique en réalité bien peu libéral. On notera évidemment au passage que l’animosité à l’égard du libéralisme s’exprime sans aucune retenue au sein même de l’UMP. En découle ainsi une situation désagréable qui devrait normalement permettre l’émergence de petits partis.

Le lancement de la liste Plan d’urgence a été plutôt satisfaisant, malgré le peu de moyens : (dépêche AFP, articles dans Le Monde et Le Parisien). Mais réunir 225 candidats (dont la moitié de femmes) a été impossible: les élections régionales sont en effet la plus importante après la Présidentielle. Sans doute la méfiance chez les Libéraux à l’égard des politiques en est-elle la cause. L’individualisme aurait ainsi comme conséquence la méfiance vis-à-vis de toute forme d’engagement. En outre, l’aspect financier a été un autre point faible du dispositif. 21 millions de bulletins de vote et tracts auraient dû être imprimés.  

Serge Federbusch est néanmoins optimiste: les prochaines échéances sont en effet plus simples (cantonales et législatives, où l’organisation peut-être plus décentralisée). De surcroît, force est de constater que l’électorat centriste/libéral a déserté les urnes. La place de la liste est aujourd’hui un “boulevard” (ce qui fait d’ailleurs naître une certaine frustration). Aussi, des inquiétudes demeurent: la montée en puissance du PS et la situation économique de plus en plus tendue.

Enfin, Serge Federbusch invite tous les sympathisants du “plan d’urgence”pour une soirée électorale au café du Pont neuf le 21 mars à 19h.

 3. Le Professeur Pascal Salin  a ensuite présenté son dernier ouvrage, intitulé “Revenir au capitalisme pour éviter les crises“. En effet, on entend aujourd’hui continuellement que les crises économiques ont pour origine les failles du marché, que l’Etat serait la solution (que cela soit pour 1929 comme pour 2008). Pourtant, l’Etat en est la cause. Le Pr. Pascal Salin s’oppose ainsi au terme “régulation”, qui désormais prend le sens de “réglementation”. En réalité, la régulation est un processus de confiance envers l’auto ajustement du marché. Celui-ci est imparfait mais, indéniablement, permet une correction des erreurs.

L’insuffisance flagrante de capitalisme :

a) La cause fondamentale de la crise est en effet la politique monétaire qui, évidemment, n’est pas réalisée par le marché. On peut discuter l’indépendance des banques centrales mais on ne peut nier qu’elles sont belles et bien des autorités publiques. Pour le Pr. Salin, elles sont à la fois à l’origine d’une création et d’une instabilité monétaires. Par exemple, depuis 2000, la Fed mène une politique laxiste, le taux d’intérêt ayant varié constamment, de 6,5 %en 2000 à 1% en 2003 pour parvenir à 3,5 % en 2008. Cette instabilité est irresponsable car en effet le taux d’intérêt est le prix du temps : il détermine le choix des individus (loyers,etc.). Cette manipulation est gravissime, d’autant plus que la politique monétaire expansionniste des USA est imitée par la BCE et les autres banques centrales (avec un décalage d’environ un an). Nous faisons ainsi face à une abondance de crédits, à des taux d’intérêts faibles, à des individus incités à “faire n’importe quoi”, c’est à dire à prendre des risque trop élevés.

Les media n’ont de cesse de renvoyer M Friedman et JM Keynes dos à dos. Pourtant, rien dans la théorie keynésienne ne permet d’expliquer les phénomènes que nous connaissons aujourd’hui. Seule la théorie autrichienne des cycles le fait : la fluctuation des taux d’intérêt s’accompagne de distortions dans les structures monétaristes. On notera que si Friedman n’a pas toujours eu tort, son approche demeure globale et principalement intéressée par les phénomènes inflationnistes. Si les politiques qu’il a pu prôner sont plus raisonnables, il n’en demeure pas moins que celles-ci sont insuffisantes. Au contraire, les Autrichiens s’intéressent aux distortions créées par l’augmentation de la masse monétaire, qui a tendance à développer les secteurs reposant sur le financement à taux faible.

La question se pose ainsi de savoir comment corriger ces distortions. Pour le Pr. Salin, le marché en est capable ; la FED ne devrait pas se lancer dans une politique monétaire expansionniste, avec un taux directeur à 0%, comme elle le fait aujourd’hui. Dans un monde sans banques centrales, on a pu enregistrer des taux d’intérêt stables (de plus ou moins 2/3%). L’instabilité est une particularité de notre époque, introduite par la politique monétaire des Banques centrales. Pascal Salin a ainsi raconté avec amusement une entrevue avec F.A. Hayek: celui-ci avait découvert la politique monétaire en 1923 et, ainsi, PAscal Salin s’est rendu compte qu’il discutait avec un économiste n’ayant pas toujours connu les Banques centrales… et qu’aujourd’hui on perçoit la politique monétaire comme “un attribut de la souveraineté nationale”. Pour le Pr., elles ne sont rien d’autre qu’un facteur d’irresponsabilité. D’ailleurs, Alan Greenspan, libertarien avant d’être nommé Gouverneur de la Fed, avait plaidé contre cette même Fed.

b) Ensuite, les subprimes: Une politique d’expansion de crédits à des individus insolvables a naturellement précipité la crise. Pourtant, la discrimination est justement partie intégrante du travail des banques, qui ont dû faire face à des pressions de la puissance publique. Les subprimes ont été rendues possibles en raison d’une abondance de liquidités, par le financement de Fannie Mae et freddie Mac bénéficiant de privilèges accordés par l’Etat. Il devrait ainsi être inutile de répéter que l’intervention de l’Etat était importante.

c) La réglementation : il est vrai qu’une certaine déréglementation a eu lieu dans les années 90. Mais le secteur financier est resté l’un des plus réglementé, ce qui est bien sûr un facteur destabilisant. De surcroît, la BC devient alors indispensable comme “prêteur en dernier ressort”, ”pour éviter un risque systémique et sauver les banques”. La Fed a d’ailleurs abusé de ses prérogatives, encourageant les banques à prêter, notamment aux pays d’Amérique Latine, “dans n’importe quelles conditions”, générant par là un moral hazard : voulant être un filet de sécurité, elle a écarté dans l’imaginaire collectif la possibilité d’une crise et a créé une véritable chaîne d’irresponsabilité.

d) Le capitalisme (“un système de droits de propriété légitimes”) a donc été sévérement atteint. La théorie keynésienne tendant à relancer la consommation (et donc à diminuer l’épargne) ne fera qu’empirer la situation: l’épargne n’est en effet pas une “fuite” mais est la richesse. Concrètement, la consommation se traduit par une destruction de richesse. Au contraire, on relève que le taux d’épargne en Chine est de 40% (étant donné qu’il n’existe aucun système de retraites par répartition): les Chinois sont donc incités à la responsabilisation.

Car les fonds propres sont des droits de propriété: aucun capitalisme ne peut exister sans fonds propres. De proche en proche, on comprend que la stabilité ne peut être possible qu’en l’absence de distortions des structures productives, ou de fluctuations des taux directeurs. Or, aujourd’hui, l’épargne est faible (à cause du système de retraites par répartition, qui n’incite pas à l’épargne, pousse les uns à compter sur les autres, et à cause du système fiscal hostile à toute épargne ou constitution de fonds propres). Les entrepreneurs sont d’ailleurs particulièrement désavantagés: ils sont placés dans une situation difficile: si leurs projets réussissent, l’Etat prend tout, même si eux et eux seuls supportent le risque inhérent à tout projet entrepreneurial. Ils sont donc incités à ne constituer que des fonds propres faibles, afin de répartir les risques. Il y a un siècle, à la fin du XIXè, les banques avaient entre 70 et 80% de fonds propres. En 2009, ceux-ci ne sont que de 8%, en tenant compte des prises de risques. Mais aujourd’hui, l’actionnariat disperse son pouvoir de décision. Les décisions sont prises par des managers. Or ceux-ci ne sont pas des capitalistes: ils ne sont pas propriétaires mais des salariés. Leur but est de maximiser le profit à court terme. Au contraire, un capitaliste a conscience du risque et n’a pas intérêt à faire faillite. Nous retrouvons ainsi continuellement les idées de propriété et de responsabilité.

En conséquence, à court terme, il conviendrait de laisser le marché s’ajuster: il devient urgent de rétablir des rapports normaux entre les activités et pour cela revenir à des taux d’intérêts normaux. Mais les autorités publiques font le choix de créer des liquidités et de mener des politiques de relance. Ainsi, en France, l’Etat augmente ses déficits et ne trouve qu’à mettre en place un “médiateur du crédit”! Aussi, il serait nécessaire de ne pas verser dans le mythe de l’insuffisance globale et de la coopération internationale “qui ne feront que mener à des “macro-erreurs”! Car, comme dans tous les domaines, la concurrence est préférable à des erreurs généralisées!“.

Les solutions sont donc simples: diminuer au maximum la fiscalité (donc la place de l’Etat), supprimer les banques centrales, “lieux d’irresponsabilité créant de la fausse monnaie”, remettre tout le système dans un cadre de responsabilité personnelle (sans oublier que l’Etat est justement l’essence même de l’irresponsabilité, puisqu’il s’oppose par nature à l’échange de volontés et au respect de la parole donnée de la société civile).

4. Enfin, Claire de C. (Chargée de mission à l’IFP) a présenté le prochain séminaire de l’Institut de Formation Politique (16,17 et 18 avril). L’IFP est une association loi de 1901, financièrement indépendante, ayant vocation à offrir une formation à la fois théorique (conférences) et pratique (joutes verbales, etc.) aux jeunes désireux de pousser plus avant un engagement politique. A noter que Yorrick de Mombynes interviendra sur le Libéralisme, Vincent Ginocchio (Président de Liberté Chérie) et Bernard Zimmern (Président de l’iFRAP) sur l’action de la société civile. 

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  1. By Compte-rendu de la 11ème RdB | Portail LHC on 23/03/2010 at 5:58 am

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  2. By Revenir au capitalisme | Expression Libre on 08/04/2010 at 11:45 am

    [...] LHC et participant de la Réunion des Blogueurs, de venir nous présenter son livre, et que le compte-rendu rédigé par Aequalis est très [...]

  3. By Revenir au capitalisme | Portail LHC on 08/04/2010 at 1:40 pm

    [...] LHC et participant de la Réunion des Blogueurs, de venir nous présenter son livre, et que le compte-rendu rédigé par Aequalis est très [...]

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