Compte-rendu de la 7ème RdB

La 7ème RdB, qui a eu lieu mardi 12 janvier, a permis plusieurs interventions de grande qualité et une discussion à bâtons rompus, qu’il est bien plus difficile de résumer :

D’abord, Michel Leter est venu présenter le nouveau Centre d’étude du libéralisme francophone, qu’il vient de fonder. C’est à la suite du séminaire de Jean Petitot et Philippe Nemo sur l’histoire du libéralisme en Europe, qui a permis la publication d’un ouvrage aux PUF, que Michel Leter a voulu pousser plus avant l’étude de l’école de Paris. Il s’agit de puiser dans les racines du libéralisme continental: ainsi, par exemple, Adam Smith a écrit la Richesse des Nations après un voyage en France. Aussi, Jefferson a fondé en 1822 la première chaire d’économie politique à l’université de Virginie et à demandé aux économistes français d’y contribuer. Ainsi, le “libéralisme sauvage”, soit disant américain, a subi des influences françaises très fortes. Par ailleurs, on peut remarquer que l’école de Paris était interdisciplinaire. Ainsi, l’économie n’a fait son entrée à l’université qu’en 1878 (et encore, au sein des facultés de droit). Pour Michel Leter, c’est en réalité ce qui a permis sa liberté: le discours libéral était autosuffisant, ne subissait aucun carcan.
Le CELF va produire des ouvrages de la bibliothèque libérale francophone. Deux abonnements sont disponibles, en versions électronique et papier (ici). Les lettres de Bastiat à Victor Calmètes sont le premier numéro. Michel Leter voit en Bastiat le “Rimbaud de l’économie”. Sa carrière fut courte (1846-1850) mais fulgurante et c’est un terreau libéral qui a pu permettre une telle émergence. Les lettres en question montrent la discipline intellectuelle et littéraire de Bastiat, sa capacité à repérer les amalgames et sophismes.

Ensuite, Yvan Blot (ENA, ancien parlementaire, prix du livre libéral 2008) a présenté son action en faveur de la démocratie directe et son site. Ceui-ci offre à la lecture un certain nombre de traductions afin de palier aux manques de la recherche en France. Les sources anglaises, suisses, allemandes ou italiennes sont nombreuses. Yvan Blot a souligné l’exemple allemand: il a fallu, à la suite de la chute du mur, créer des constitutions pour les six Länders de l’Est. Ceux-ci ont adopté la démocratie à cette époque. Malheureusement, la champ d’application excluait les dépenses publiques et les prélèvements. Mais, depuis, l’ensemble des Länders ont adopté la démocratie directe. Au niveau national, le FDP s’est prononcé pour, la CDU contre et les socialistes demeurent partagés. Aux Etats-Unis, 26 Etats sur 50 l’ont adoptée, le plus connu étant naturellement la Californie.
La question se pose sur la manière de l’imposer en France. Pour Yvan Blot, il s’agit de casser l’oligarchie, de limiter la bureaucratie et la pression fiscale. Une étude de Lars Feld et Gebhard Kirchgässner (disponible ici) a ainsi souligné que, globalement, la démocratie directe se traduit par un endettement public de 50% plus faible et d’une pression fiscale 30% plus faible.
Il serait ainsi nécessaire de diffuser cette étude auprès des PME. Aussi, Monsieur Blot réunit prochainement des parlementaires, lors d’une réunion multipartisane, afin de les informer des tenants et des aboutissants de la démocratie directe. Il est à regretter que les réseaux universitaires intéressés au sujet sont inexistants. Une autre éventualité est d’intéresser quelques journalistes.
Pour revenir aux caractéristiques : la démocratie directe permet d’une part une initiative populaire, moteur à l’inertie de la classe politique: de nouvelles idées peuvent passer le “barrage” des politiciens récalcitrants. D’autre part, le veto agit comme frein. Ainsi, en Suisses, les citoyens se sont prononcés à 80% contre les 35h, proposition de l’extrême gauche. Yvan Blot note d’ailleurs que la plupart des initiatives échouent. Néanmoins, le débat est au moins lancé et le Parlement se saisit quelquefois de la question. Par ailleurs, une question fondamentale est celle de la compétence de l’électeur. A cet égard, il existe une formation de l’électeur, qui est tenu informé par la publication des brochures. A la question de savoir si le système est fiable, si les électeurs sont rationnels, Yvan Blot répond que le référendum se réfère à des sujets qui concernent directement l’électeur, tandis que des élections classiques multiplient les sujets et sont donc plus floues. En conséquence, la connaissance de l’électeur a beaucoup plus d’effectivité. En outre, il est à remarquer que la démocratie directe mettrait en concurrence les administrateurs et les avocats: en effet, les citoyens consulteraient ces derniers, ce qui serait bénéfique pour briser le monopole de la conception législative existant aujourd’hui.
En France, les sources de la démocratie directe existent, notamment en vertu des art. 11 et 14 de la Constitution. Malheureusement, l’art 72 l’interdit explicitement dans les collectivités et l’obligation de parvenir à 10% du corps électoral et à un soutien de 200 parlementaires verrouille le système.

La réunion a pris fin après quelques brèves. Ainsi, Vincent Ginocchio, Président de Liberté Chérie, a présenté le nouveau blog de son association. Roman Bernard (Rédacteur SOS Education) a évoqué l’appel à témoignages d’enseignants de son groupe de pression. Déjà, il ressort des premiers retours un abandon par la hiérarchie, qui montre l’échec de l’éducation nationale. Un certain nombre de témoignages relatent des agressions graves. Par exemple celui d’un professeur à coups de chaise pour avoir demandé à un élève d’arrêter d’envoyer des boulettes de papier. Une lettre racontant une agression d’une telle gravité parvient chaque semaine à SOS Education. Ensuite, le groupe de pression Contribuables associés a invité l’ensemble des blogueurs aux 20 ans de l’association, le 9 février prochain. Vous trouverez tous les renseignements ici.

Enfin, Serge Federbusch, auteur du site Delanopolis (ENA, conseiller municipal du X° ardt.) a montré le site internet de la liste plan d’urgence pour l’Ile-de-France, qui regroupe le parti libéral démocrate d’Aurélien Véron, Gauche moderne et le mouvement des réformateurs, et évoqué leurs propositions de teneur libérale pour les élections régionales de mars prochain.

La prochaine réunion aura lieu le mardi 2 février. Pour tout renseignement complémentaire : lareuniondesbloggers[at]live.fr

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