La première rencontre RdB/LHC a eu lieu mardi soir. La Réunion des Bloggers a été l’occasion de lancer certains sujets dans une atmosphère à la fois informelle et studieuse, avant un dîner très convivial.
Elle a permis à Aurélien Véron, Président du parti libéral démocrate (PLD), de présenter la liste plan d’urgence pour l’île de France, qui prépare les élections de mars prochain, conscient que l’indépendance partisane des bloggers et des instituts de la société civile est un trait caractéristique de la réunion.
Ce projet est pensé depuis sept. 2009, et est le fruit d’un compromis avec la gauche moderne de Serge Federbusch et des centristes de Jean Arthuis. Le PLD a insisté sur une remise en cause de la bureaucratie, une libéralisation des transports (sous traiter la gestion des lignes de RER et de métro comme cela s’est fait à Londres), transformer la politique les logements sociaux (permettre l’accession a la propriété pour briser les poches de pauvreté). La lutte contre la corruption est aussi un point fort du programme, alors que la tête de liste PS a été condamnée pour prise illégale d’interêt et que Julien dray figurera sur cette liste. A droite, Valérie Pécrese et Chantal Jouanno relèvent le concours de ceux qui dépenseront le plus, avec un programme fortement teinté d’écologisme et de socialisme.
Par ailleurs, Aurélien a insisté sur le fait que Plan d’urgence est une voie pour les anciens socialistes, lassés par le PS. Gauche moderne semble s’être trouvée une place proche des libéraux. Aussi, Aurélien a relevé le blocage des média, même si Le Monde et l’AFP ont fait écho du lancement de la liste. Les membres de cette coalition souhaitent évidemment inscrire ces élections dans une dynamique jusqu’aux municipales de 2014, où le site Delanopolis permettra sans doute un plus grand impact.
Ensuite, Henri Lepage (Economiste, Président de l’Institut Turgot) a présenté sa reflexion sur l’actualité de son ouvrage Demain le capitalisme, paru en 1978. Vendu à 40.000 exemplaires, ce livre avait été pensé comme un travail de vulgarisation, sans pour autant écarter la rigueur intellectuelle, dans un contexte fortement marqué par les élections de 1978: Henri Lepage travaillait à l’Institut de l’entreprise, alors que le discours porté par Michel Rocard était celui de l’autogestion. Le climat ambient, la pensée au sein du patronat (qui avait fait le choix de bannir le terme “capitalisme”) et un discours de droite étato-capitaliste rendait la vie intellectuelle “très mièvre”.
C’est dans un ouvrage intitulé “the economics of self-management”, acheté à Londres, qu’Henri Lepage a pu relever des critiques et, dans les notes de bas de page, des noms comme Becker, Posner ou ceux des auteurs du Public Choice. Ainsi, il était possible de trouver aux Etats-Unis un discours scientifique, à la fois rationnel et argumenté, qui pouvait permettre de répondre à Rocard, Rosenvallon, aux auto-gestionnaires et aux partisans de la nationalisation.
Henri Lepage souligne ainsi qu’il est primordial de ne pas oublier, dans le débat public, l’apport des intellectuels. On peut penser ce que l’on veut des régressions mathématiques mais, indéniablement, elles sont un outil nécessaire pour démontrer l’effet pervers des réglementations. C’est ainsi qu’est apparu un courant libéral en France (“les nouveaux économistes”), comptant des auteurs comme Florin Aftalion, etc. et, en conséquence, une nouvelle littérature économique empirique. Pour Henri Lepage, l’école du Public Choice a été une révélation. L’analyse économique du politique par celle-ci a été fondamentale. Alors que les critiques se concentraient sur le marché, elle a su rappeler que le marché politique n’avait rien de parfait. La réalité diffère de la proposition politique : “le produit final est différent du blueprint initial“. Cette critique de la classe politique a fait mouche chez ceux acceptant la logique rationnelle des Choicers (à lire, l’extrait de l’ouvrage).
Pour ce qui est du mouvement libéral aujourd’hui, il est indéniable qu’il existe, même s’il n’apparaît pas dans la grande presse. Jamais une Réunion “comme celle-ci“, réunissant de jeunes libéraux, n’aurait pu être envisageable il y a 30 ans. Ainsi, Henri Lepage a relayé la pensée de Jean-Jacques Rosa, très optimiste sur l’avenir du libéralisme : les forces technologiques vont dans le sens contraire de la centralisation. Naturellement, la dérive idéologique peut faire naître une inquietude: il s’est dit “attéré par l’état du marché des idées (…) Même si les jeunes sont là, la bataille des idées a été relativement perdue“.
Selon lui, deux facteurs sont à souligner : d’une part, la découverte des Autrichiens a fait tendre les économistes vers la philosophie (Henri Lepage a longuement abordé ces auteurs dans un autre ouvrage, Demain le Libéralisme). Par là, ils se sont radicalisés et ont perdu une part de rationnalité et l’empirisme, et donc une part de leur persuasion: si la philosophie est évidemment nécessaire, elle est néanmoins par nature plus incertaine et plus aisément contestable par les adversaires du libéralisme. Bien qu’il soit possible de formuler des reproches à l’empirisme, il permet de muscler les arguments. D’autre part, la prise de l’Université par la gauche a été un véritable mécanisme d’éjection pour les libéraux. On remarquera que ce fait a provoqué une impossibilité de mener des études empiriques, et explique donc en grande partie le glissement vers la philosophie.
C’est pour répondre à ce constat qu’Henri Lepage a créé l’Institut Turgot. Il souhaitait aller plus loin, en tentant de produire des études empiriques, comme le CATO Institute est en mesure de faire avec la revue regulation.
Une longue discussion a suivie l’intervention d’Henri Lepage, qui a d’ailleurs recommandé la lecture d’un article de François-René Rideau: De la justice privée, justice retributive contre justice collective. Aussi, le Professeur Stewart a conseillé de lire Freakonomics de Levitt et Dubner, qui a bien souvent permis une prise de conscience.
Enfin, quelques brèves ont été rapportées: Jeanne Pavard, rédactrice en chef du Cri.fr a rappelé que les 20 ans de Contibuables associés auront lieu le 9 février prochain. De nombreuses tables rondes sont prévues sur les thèmes entourant les finances publiques. Plus d’infos ici. Aussi, Claire de Castelet, chargée de mission a l’ifp, a présenté le prochain séminaire organisé par son institut, les 26,27 et 28 février prochains. L’ifp a vocation à former, à la fois par des exercices pratiques (joutes verbales) et des exposés théoriques, les jeunes désireux de pousser plus avant un engagement politique. Guido Hülsmann y interviendra. Pour plus d’informations, vous pouvez cliquer ici.
Rendez-vous est donné pour la prochaine édition, le 17.02. (inscriptions: lareuniondesbloggers[at]live.fr)
One Comment
salut !
Merci pour cet excellent et très complet compte-rendu…Merci pour le lien vers l’article de François-René Rideau !
à bientôt
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