Compte-rendu de la 13ème RdB

La 13ème RdB s’est tenue mardi 13 avril. 

Emmanuel Martin (unmondelibre.org) a d’abord présenté les problèmes posés par l’aide aux pays en développement et plus particulièrement à l’Afrique. Il s’agissait de comprendre en quoi cette aide est un problème et non la solution. Emmanuel a ainsi proposé une grille de lecture systématique pour contrer ceux qui ont une vision “physique” du développement, c’est à dire qui souhaitent “injecter de l’essence pour faire tourner le moteur”. En effet, la théorie des incitations des choicers et celle de l’information des autrichiens permettent une analyse plus organique. Il est primordial de comprendre que le développement, c’est une division du travail, une spécialisation de plus en plus intense, une diversification. Bien entendu, au-delà, c’est l’être humain qui est au centre du développement: le développement, c’est des entrepreneurs et un terreau institutionnel (formel et informel).
 
Pour Emmanuel Martin, les Libéraux n’ont pas toujours systématisé les effets pervers d’une mesure politique parcequ’ils n’ont pas systématisé la grille de lecture information/incitation. L’appliquer en matière d’aide au développement permet d’expliquer l’échec de l’injection de 44 milliards de dollars à l’Afrique en 2008, somme ayant doublé en 20 ans. L’aide au développement de la France entre 2004-2008 remprésente à elle seule 7 milliards en aides bilatérales (43% de cette somme va en Afrique). Mais il reste impossible de mesurer l’aide qui parvient à destination.
 
Il est ainsi urgent de désacraliser l’homme politique, les bureaucrates et les gens bien intentionnés: il convient de remettre en au goût du jour la théorie des groupes: un groupe bien organisé, strucuté, a un avantage en termes de coûts d’organisation: les lobbies sont donc avantagés (Cf. Olson). Ajoutez à cela l’ignorance rationnelle et les individus demeurent sensibles à l’émotif: Les politiciens donnent ainsi en fonction de ce que veulent les lobbies. Les effets de l’aide conditionnelle et de l’aide alimentaire se font ainsi aisément sentir: par exemple, ces dernières sont bien souvent des surplus déversés sur les marchés locaux, entraînant dépendance et destruction. De surcroît, les pays occidentaux fournissent aux pays en développement en fonction du comportement de l’ “acheteur” du pays récipiendaire: les aides sont allouées en fonction des soutiens politiques. Donc, aucune réponse n’est donnée aux réels problèmes de la population.
 
Par ailleurs, les bureaucrates (organisations internationales ou nationales) agissent pour maximiser la taille de leurs bureaux (Niskanen) sans le moindre feedback, sans évaluation et responsabilité. Par exemple, des “objectifs du millénaire” reviennent avec récurrence depuis les années 70. Les bureaucrates, en effet, se concentrent sur ce qui est visible, imposant. Des projets comme la suppression de la famine, l’accès à l’eau sont préférés à des micro-projets: inatteignables, ils sont considérés comme préférables pour que l’existence même du bureau ne soit pas remise en cause. Des sommes considérables sont ainsi injectées, pourtant dérisoires face à l’objectif considéré. Evidemment, la situation n’arrange rien pour le pays récipiendaire: “vous êtes pauvres, plus vous recevez d’aide”. Quelle est donc l’incitation? “restez pauvres!”: l’aide publique au développement appelle ainsi l’aide publique au développement.
 
Pour ce qui est de l’information, l’aide publique au développement est un système bureaucratique de décision centralisé, sorte de gosplan mondialisé. Celi-ci ne peut fonctionner: l’information est par essence locale, il faut des moyens pour la transmettre. Les pays donateurs disposent-elles de celle-ci? Pas nécessairement: les feedbacks ou la coordination d’agence est délaissée au bénéfice d’une querelle d’influence de services administratifs. Ainsi, l’information ne passe pas, les projets sont inadaptés aux demandes locales (infrastructures en ruines à court terme). A contrario, l’Etat qui reçoit l’argent n’est lui-même que très peu au courant, il connaît le même problème de récolte des renseignements: ceux qui disposent de l’information ne peuvent la transmettre.
 
Dans “Africa in Chaos”, george Ayyitey a souligné que l’introduction d’institutions hallogènes à l’Afrique a détruit les soubassements qui existaient. Mais on peut rester optimiste: l’Afrique a une traditon de commerce, de marché, d’esprit d’entreprise. Au contraire, l’aide permet de maintenir au pouvoir des dirigeants corrompus et refoule la mondialisation (le stock d’investissements directs en Afrique équivaut à 50% de celui de la France!). En conclusion, on pourra noter que la Chine, qui s’insère aujourd’hui dans la géopolitique africaine, est moins hypocrite: elle ne véhicule aucune morale, contrairement aux occidentaux, et construit des infrastructures. N’est ce pas préférable à l’action occidentale? Bien entendu, les enjeux géopolitiques ne doivent pas pour autant être masqués.

Ensuite, Philippe Herlin (blog ladetteenfrance) est venu présenter son premier ouvrage, Finance, le nouveau paradigme, comprendre la finance et l’économie avec Mandelbrot, Taleb…. Court (200 pages) et didactique, ce livre s’adresse à un public large, non familier de la finance. Philippe voit ces nouvelles théories comme une “critique libérale du libéralisme. En effet les écrits de Mandelbrot (inventeur des fractales) et de Taleb (découvreur des “cygnes noirs”) permettent de revenir à la naissance de la finance moderne pour souligner les erreurs des premiers modèles.
 
En premier lieu, la courbe de Gauss, qui permet de décrire des phénomènes divers a servi à l’ensemble des théories de la finance. Malheureusement, celle-ci minore les incertitudes. Une grande partie de l’économie est en réalité soumise à des lois de puissance. Par exemple, la liste des best sellers reflète une très grande inégalité, qu’on retrouve dans tous les domaines marqués par un hasard extrême. Si le hasard était “gaussien”, l’ensemble serait alors beaucoup moins inégalitaire. Ainsi, la boîte noire de la finance se construit sur des bases érronées… alors qu’elle a “infecté” de nombreux domaines, dont celui de la gestion d’entreprise, dès les années 70.
 
Aujourd’hui, une divergence de points de vue existe entre les propriétaires “traditionnels” d’une entreprise et les actionnaires. L’indicateur Bénéfice/Chiffre d’affaire a fait place à la rentabilité des capitaux propres. La théorie du portefeuille de Marcowitz a ensuite généré des effets pervers: nous sommes passés d’un capitalisme d’entrepreneurs à un capitalisme d’actionnaires.
 
Pourtant, ce n’est pas le marché qui est fautif mais notre vision du marché, notre incapacité à prendre en compte la possibilité de hasards. Aujourd’hui, Paul Volcker remet sur le tapis le Glass Steagall Act, disparu en 1999 (interdiction des banques universelles, à la fois de dépôts et d’investissement). Pour Philippe Herlin, il est possible que celui-ci ait pu atténuer le risque de crise: lier banques de dépôts (stables, comportement peu de risques) et d’investissments (risques extrêmes) est en effet dangereux. Toutefois, Philippe a tenu à insister sur l’impossibilité d’un monde sans crises tant que les modèles de la finance ne sont pas revus.

Roman Bernard (rédacteur en chef du Cri.fr) invite les blogueurs aux petits-déjeuners/débats du Cri, qui réunissent chaque mois des Parlementaires, des intellectuels et des sympathisants de contribuables associés. Les blogueurs pourront ainsi apporter la contradiction à certains parlementaires timorés dans la remise en cause de la dépense publique. Le petit-déjeuner fait l’objet d’un compte rendu sur internet et dans Le Cri. Pour y participer: alain.dumait[at]me[point]com

Pour conclure, Jean-Baptiste Jaussaud (Liberté Chérie Aix Marseille), aujourd’hui en immersion à l’Atlas Foundation à Washington, nous apprends que le think tank libéral polonais Projekt Lodz est sur le point de faire passer le chèque éducation à Lodz. Pour les soutenir, visitez le site et devenez fan sur facebook.

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